Var-Matin
Mercredi 10 Octobre 2001
Photo Marine nationale
Trois jours après le début de l'offensive en Afghanistan,
les nageurs de combat des forces spéciales françaises - toujours
aussi discrets - s'entraînent devant la presqu'ile de Saint-Mandrier.
Dans le monde du silence
Les SAS britanniques aperçus ici, les
forces spéciales américaines repérées là...
à en croire certaines dépêches de presse, les unités
d'élite des armées occidentales n'ont pas été
les dernières à prendre position en Afghanistan ! Prêtes
à prendre, sur le terrain, le relais de l'aviation dès que
la première vague de bombardements aura cessé.
A chaque crise internationale sérieuse,
pouvant déboucher sur une guerre, c'est la même histoire :
les forces spéciales des toutes premières armées du
monde sortent bien malgré elles de l'ombre. Et, bien qu'on ne les
ait pas identifiées formellement, on les sent à proximité.
Certes encore tapies, mais prêtes à bondir, à partir
à l'assaut de leur objectif à tout moment.
Blotti
dans un écrin de verdure, au Cannier, à la pointe Est de
la presqu'ile de Saint-Mandrier, le commando Hubert, l'un des cinq commandos
que compte la marine nationale, n'échappe bien évidemment
pas à ces bruits de couloirs d'état-majors, même si,
hier encore, ll ne figurait pas sur la liste officielle des forces françaises
engagées sur la zone de conflit.
Et pas question, pour obtenir des indiscrétions,
de compter sur son commandant, E. B., qui, pour des raisons de sécurité,
de confidentialité, préfère garder son anonymat :
il ne dira mot sur les actions auxquelles ses 52 nageurs de combat pourraient
d'ores et déjà participer. Conscients qu'elle est leur plus
sure alliée, ces derniers cultivent la discrétion aussi bien
en milieu subaquatique que sur terre...
Pas la peine non plus d'espérer des gestes
de nervosité laissant penser que les « forces vives »
de cette unité d'élite sont sur le point d'être engagées
sur un terrain d'opération quelconque.
Bien plus que des « brutes musculaires », étiquette
qu'on leur colle trop souvent, les nageurs de combat du commando Hubert
sont réputés pour leur mental, leur moral à toute
épreuve. Le commandant le dit lui-même : « Le sommeil,
la fatigue physique, la nourriture de mauvaise qualité, les hommes
du commando Hubert supportent tout. »
Aussi, presque indifférents à la
fébrilité alentour, les nageurs du commando Hubert continuent
de s'entrainer. Sereins, imperturbables, ils enfilent jour après
jour leur combinaison de plongée et s'enfoncent - sans faire de
bulles - sous la surface de la mer.
Vous les croyez noyés ? Disparus à
jamais dans les profondeurs abyssales de la Méditerranée
? Les voilà qui reviennent après avoir posé une charge
explosive sur la coque d'un navire de guerre !
Et ce n'est pas tout. S'il est vrai que le commando Hubert a pour vocation
principale de mener des actions sous-marines, ses hommes savent néanmoins
tout faire ou presque. Et pour mener à bien leurs missions qui peuvent
aller de la reprise par l'assaut d'un point stratégique, à
la reconnaissance de plages en vue d'une future mission amphibie, en passant
par la libération de passagers pris en otage à bord d'un
paquebot, ils ne craignent pas, le cas échéant, d'emprunter
la voie des airs.
Chuteurs hors pairs, entendez par là parachutistes
confirmés, les nageurs de combat utilisent en effet toute sorte
de moyens de projection : de la simple paire de palmes aux sous-marins,
en passant par les hélicoptères ou bien encore les avions.
A ce sujet, la Marine procédait d'ailleurs
en début de semaine dernière et en rade de Toulon à
un essai de largage par avion de bateaux pneumatiques fortement motorisés.
De quoi donner aux hommes du commando Hubert
les moyens d'intervenir encore plus loin de leur base...
P.-L. PAGES.
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